Traduction française par Tian Wangzi
Les deux hommes passèrent la journée à l’extérieur. Il faisait déjà noir lorsqu’ils rentrèrent au manoir, et l’heure du souper était déjà passée. Puisque le jardin ouest était habité par des femmes, les portes étaient fermées bien plus tôt que le jardin est. Mu HanZhang permit aux concubines de ne pas lui payer respect aujourd’hui, afin de ne pas retarder la fermeture des portes du jardin ouest.
De l’eau chaude avait été préparée derrière le paravent. L’eau avait été parfumée d’une fragrance donnée en tribut par une nation étrangère, et des pétales de pêches fraîches avaient été déposés à la surface.
Mu HanZhang regarda Jing Shao retirer ses vêtements et se préparer à prendre son bain. Il prit un livre et s’assit, décidant d’attendre que le prince termine avant d’entrer dans l’eau à son tour, mais Jing Shao l’attrapa : « Jun Qing, tu m’as jeté au sol aujourd’hui, mon derrière me fait encore mal. »
« Je… » En repensant aux événements de la journée, Mu HanZhang se remit à rougir. Il s’était déjà excusé en après-midi, pourquoi ne le pardonnait-il pas encore?
« Excuse-toi sincèrement, » Jing Shao attrapa la main de son épouse et le tira derrière le paravent. « Mon corps me fait mal, aide-moi à me laver. »
Mu HanZhang écarquilla grand les yeux. C’était la première fois qu’il entendait qu’une blessure au derrière était inconvénient pour prendre son bain : « Je… je ne…[1] »
« Ça va, je peux aussi t’aider à te laver. » Le beau Jing Shao retira tous ses vêtements et prit l’initiative d’entrer le premier dans le bassin. En voyant que sa WangFei n’avait toujours pas bougé et restait sur place, hébété, il tapota le bord du bassin : « Entre vite, sinon ta punition sera de m’aider à appliquer de l’onguent. »
Appliquez de l’onguent? Mu HanZhang se mordit la lèvre inférieure. Lui appliquer de l’onguent à cet endroit ou prendre le bain avec lui, les deux options étaient parfaitement contraires, mais elles lui semblaient également dangereuses. Mais s’il lui appliquait de l’onguent, il pourrait rester habillé…
« Jun Qing? » Jing Shao regarda avec amusement sa WangFei se mordre la lèvre, plongé dans ses pensées. Il le trouvait absolument adorable.
« Alors… Je vais vous aider à appliquer de l’onguent, WangYe. » Sa décision prise, il se détourna pour sortir.
« Pff~ » Jing Shao éclata de rire, se reposant le ventre contre le bord du bassin.
Après son bain, Mu HanZhang sortit de derrière le paravent, portant de nouvelles robes de soie légère. Il pouvait bien voir qu’un certain WangYe ne portait que ses robes internes, sans pantalon, se reposant nu fesse à plat ventre sur le lit, lisant avec plaisir un livre sur la guerre.
« Wang…. WangYe… » Mu HanZhang rougit immédiatement. Comment cet homme pouvait-il être aussi…
« Jun Qing! » En voyant que sa WangFei avait terminé de prendre son bain, Jing Shao s’empressa de déposer son livre, et il lui tendit d’un air pervers une petite bouteille.
Mu HanZhang ne pouvait pas faire autrement que grimper sur le lit et verser un peu d’onguent dans la paume de sa main. En regardant les courbes parfaites devant lui, il aperçut deux petites ecchymoses de chaque côté. La région était bien formée, on pouvait voir d’un seul regard qu’elle était remplie de force explosive. Puis, en regardant plus bas, ses deux jambes élancées aux muscles fins avaient une belle apparence de danger et de puissance.
L’onguent huileux glissa entre ses doigts et s’écoula sur cette attirante région douce et ronde. Mu HanZhang sembla enfin reprendre ses esprits. En jetant un regard à Jing Shao, il vit que ce dernier ne le regardait pas. Il souffla légèrement et commença à appliquer l’onguent.
Alors que la main douce et chaude le caressait, Jing Shao se mit à le regretter. Ce toucher était beaucoup trop fin, au point que son corps réagit rapidement sous le massage de sa WangFei, et il ne put s’empêcher de gémir intérieurement. Jun Qing était encore traumatisé par les événements de leur nuit de noces, comment pouvait-il résoudre ce problème?
« C’est fait. » Mu HanZhang sortit du lit et rangea la bouteille, se laissant du temps pour refroidir son corps un peu fiévreux.
« Hm. » Jing Shao acquiesça d’une voix étouffée, restant étendu sans bouger.
« WangYe, il est temps de dormir. » Mu HanZhang remarqua qu’il ne bougeait pas. Il devait remonter dans le lit, alors il le recouvrit avec les couvertures.
« Hm, à cause de l’onguent, je vais dormir sur le ventre cette nuit. » Jing Shao enterra son visage dans l’oreiller, et dormit sur le ventre cette nuit-là
Le jour suivant, Jing Shao sortit tôt pour se rendre au manoir du second prince. Il voulait discuter avec son grand frère du plan qu’il avait mis au point avec Jun Qing la veille. Selon les instructions de WangFei, Duofu fit transporter tous les rapports des années dans le petit bureau.
« WangFei, voici les comptes des trois dernières années. Voulez-vous vraiment tous les voir? » En voyant la haute pile de livres de comptes, Yun Zhu déglutit.
« Hm. » Mu HanZhang acquiesça sans enthousiasme. Les livres de comptes comptaient trois parties par année. Il commença par les premières années.
« Le livre de comptes revient au comptable, pourquoi devez-vous vous atteler à cette tâche fastidieuse? » Yun Zhu était un peu confus. WangFei étudiait les choses de la maison, alors qu’il pourrait juste demander à l’intendant en chef ou voir comment la seconde épouse gérait les choses.
En regardant le jeune garçon, les sourcils froncés, Mu HanZhang sourit et ne dit rien. Les livres de comptes contenaient de nombreuses choses utiles; les dépenses en nourriture et en vêtements, les relations humaines, le transfert de personnel, tout était écrit dans les livres. En fait, la gouvernance du pays était similaire; en regardant les livres de comptes du Ministère du Revenue, on pouvait voir si le monarque était dissipé ou si le pays était prospère.
« Ce petit a entendu dire que la seconde épouse a passé la matinée hier avec quelques personnes pour faire l’inventaire de l’entrepôt. » Yun Zhun profita d’un moment où Mu HanZhang buvait du thé, fatigué de son dur travail, pour l’informer à voix basse des nouvelles qu’il avait apprises.
« Merci. » Mu HanZhang tapota la tête de Yun Zhu et lui donna quelques sucreries achetées la veille pour le récompenser. Si elle avait vérifié l’entrepôt à ce moment-là, c’est que le livre de comptes et la réalité ne correspondaient pas.
« L’argent de WangFei pour le mois de mars n’a pas été alloué du tout. Hier, je suis allé chercher du papiers, et j’ai failli ne pas en recevoir. » Yun Zhu mangea les sucreries. Il était extrêmement en colère en racontant les nouvelles. Heureusement, WangFei était un homme, et il vivait dans le jardin est avec WangYe, puisque toutes les dépenses effectuées pour le jardin est comptent comme celles du prince. S’il avait été une femme, il n’aurait même pas eu de quoi manger!
En l’écoutant parler, Mu HanZhang réfléchit et réalisa qu’effectivement, il n’avait pas reçu d’argent. En cas d’urgence, ça ne serait pas facile.
Après ce temps passé sur les livres de comptes, Mu HanZhang n’avait toujours pas fini. Il prit une pause pour dîner et pour faire une sieste en après-midi, puis il retourna au bureau.
« WangYe, vous êtes de retour! » En sortant de la chambre, il tomba sur Jing Shao qui entrait d’un pas rapide, entrant presque en collision avec lui.
Jing Shao le regarda directement, les yeux un peu rouges, il n’avait pas l’air bien. Après avoir réalisé qui était devant lui, il étira la main pour lui attraper le poignet, puis il fit demi-tour et ressortit.
« WangYe… wu… » Mu HanZhang tituba en se faisant tirer, passant près de tomber, mais Jing Shao le tira jusqu’à la cour avant.
Les gens se rassemblèrent un à un pour regarder la scène, murmurant des suppositions sur ce qu’avait bien pu faire WangFei pour irriter le prince.
Sans dire un mot, Jing Shao tira Mu HanZhang sur un cheval, et serrant le ventre de l’animal, Xiao Hei hennit et s’élança comme une flèche.
L’étalon galopa en dehors des routes officielles de la capitale. En transe, il semblait être revenu à ce jour enneigé où ils avaient fui avant sa renaissance. Il oublia temporairement ces jours chaleureux et confortables, portant une expression compliquée lorsqu’il rouvrit les yeux.
Derrière lui, Mu HanZhang sentait la violence dans son coeur, et lentement, il enlaça fermement sa taille. Sentant la force sur sa taille, Jing Shao serra ces deux mains dans la sienne, et il galopa jusqu’à une cour à l’extérieur de la capitale. Ignorant les cris des gardes dans la cour, il mena Xiao Hei jusqu’à une station d’arts martiaux. D’un petit coup de pied, il sauta sur la plateforme et prit une lance. Sans regarder qui était la personne sur la plateforme, il attrapa son épouse et commença à se battre.
« WangYe! » Ren Feng, qui démontrait des mouvements sur la plateforme, sursauta. Par réflexe, il attrapa le coup et en voyant qu’il s’agissait bien de Jing Shao, il s’empressa de reculer de trois pas. Mais contre toute attente, Jing Shao fonça sur lui. Ren Feng se retourna pour attraper un long bâton afin de bloquer le coup avant qu’il ne lui tranche la tête.
Jing Shao se battit aussi désespérement que s’il était sur le champ de bataille. Rapidement, Ren Feng, qui avait peur de le blesser, fut repoussé en dehors de la plateforme. Sans adversaire, il continua à danser avec sa lance sur la scène. La pointe argentée de la lance était tel un dragon, laissant une ombre brillante dans l’air après son passage.
Mu HanZhang fronça les sourcils en regardant cet homme sur scène qui semblait être devenu fou. À voix basse, il ordonna à Ren Feng et aux autres de quitter temporairement les lieux.
Le soleil glissa pour se coucher derrière la montagne, et une fine pluie se leva dans le ciel à l’origine maussade. Des hommes avaient déjà mené Xiao Hei à l’écurie, et les alentours de la plateforme s’étaient vidés. Mu HanZhang regarda l’homme à la lance argentée qui dansait sur la plateforme, et il s’avança lentement.
« WangYe, le soleil s’est couché. » Mu HanZhang, se tenant sur la plateforme, parla d’une voix calme et stable.
Le vent soufflait. Aucun son ne s’attardait dans l’air. Les gouttes de pluie s’attardaient sur la pampille rouge de la lance qui tourbillonnait.
Mu HanZhang serra le poing. Il se tourna pour saisir une large épée, qu’il lança vers le prince : « Jing Shao, calme-toi! »
« Clac! » Un son, le son de la lame entrant en collision avec la lance, ramena Jing Shao à la raison. Il arrêta sa danse avec la lance et leva la tête pour le regarder. Il cria en direction du ciel, et d’un haut bond en l’air, il projeta la lance argentée contre un pieu, le fendant en deux.
La lance argentée tomba au sol, et du sang s’écoula le long des doigts de Jing Shao. Mélangé au clapotis de la pluie, le liquide était rouge pâle.
Mu HanZhang courut pour le rejoindre. Il leva sa main droite pour voir que l’espace entre le pouce et l’index avait été ouvert et des bulles de sang se formaient dans la paume de sa main. Il sortit un mouchoir de ses manches qu’il posa sur la blessure qui ne cessait de saigner. Jing Shao regardait vers le ciel. La pluie tombait dans ses yeux, puis s’écoulait le long de ses joues.
« Jun Qing… Ils ont tué la concubine impériale… ma mère… » dit Jing Shao à voix basse, la voix à peine audible, comme un murmure. Mais Mu HanZhang l’entendit clairement.
Ayant épuisé toute sa force, Jing Shao glissa au sol. Mu HanZhang se recroquevilla à ses côtés, le prenant lentement dans ses bras : « Shao… Qu’est-il arrivé? »
« Jun Qing… Jun Qing… » Jing Shao enterra son visage dans son épaule. Aujourd’hui, son grand frère avait écouté son stratagème. Heureux de voir que son petit frère était enfin rendu grand, il lui avait dit des choses qu’il ne lui avait jamais dites avant. Parmi elles, il lui avait révélé la véritable cause de la mort de la concubine impériale Yuan.
L’auteure a quelque chose à dire :
Merci « Geng Shi Wo De Motianlun », « Sishui Yueding » et « Wei Ling » pour les mines~╭(╯3╰)╮
[1] Habituellement, quand il parle à Jing Shao, Mu HanZhang utilise encore le « je » inférieur et poli, alors qu’ici il utilise un « je » régulier