Traduction française par Tian Wangzi

Le groupe de serpents était densément entremêlé. Ils levèrent la tête, hissant à répétition vers moi, essayant de nager pour s’approcher.

Froids, humides, satinés…

Ma dernière réflexion se perdit dans l’extrême panique.

Lorsque je me réveillai, je reposais dans la source Ling, le corps couvert d’ecchymoses, incapable de bouger.

Mes paupières étaient si enflées que je n’arrivais pas à les ouvrir. Je ne pouvais pas voir clairement qui était là. J’avais mal partout, jusqu’aux os.

Je murmurai le nom de Zezhou-xianjun, et l’instant suivant, je sentis une large paume me tapoter doucement la tête, et il dit d’une voix chaleureuse : « N’aie pas peur, je suis rentré. »

Je luttai pour ouvrir les yeux, mais ma vision était encore brouillée. Je ne pus m’empêcher de plisser le nez. Je laissai mon corps s’immerger dans l’eau pour mêler mes larmes à l’eau de l’étang. Je ne voulais pas que Zezhou-xianjun me voie ainsi.

Zezhou-xianjun : « Le disciple qui t’a trompé pour te mener derrière la montagne a déjà été renvoyé de la secte Qingxu. Ton âme n’a pas été abimée et ton corps progresse lentement, tu pourras récupérer rapidement. »

Je répondis : « Hm » d’une voix basse, sans demander rien de plus.

Zezhou-xianjun m’accompagna dans la source Ling, et après un moment, il me donna l’élixir de la journée.

Je ne voulais pas le manger, l’élixir était très amer. Je voulais manger quelque chose de sucré.

Je pris tout mon courage pour refuser pour la première fois.

Pendant un long moment, Zezhou-xianjun soupira, puis il dit : « Tu ne veux pas te cultiver? J’y ai ajouté les fleurs sans racines que j’ai cueillies sur la montagne immortelle Yunjing, elles te seront bénéfiques. »

J’avalai un peu de l’élixir.

Il était vraiment amer, et mes blessures submergées étaient particulièrement douloureuses. Je relevai le visage pour empêcher l’eau d’entrer dans mes yeux.

Si seulement ma mère était là, je pourrais me jeter dans ses bras. Elle fredonnerait et murmurerait pour apaiser ma douleur. J’aimerais qu’elle me cajole.

Si… Si Xie Lin avait été là, j’aurais aussi pu pleurer à chaudes larmes et faire une scène déraisonnable pour montrer à quel point j’étais pitoyable, et j’aurais pu lui demander de me donner quelques cuisses de poulet de plus au souper.

Mais la personne que j’avais devant moi était Zezhou-xianjun, le Zezhou-xianjun aussi impressionnant que la lune dans le ciel clair, celui qui ne montrait aucune arrogance, celui qui pouvait me mépriser.

Après un mois, mes blessures étaient complètement rétablies, alors je pus emménager dans la chambre de Zezhou-xianjun parce que dès que je fermais les yeux, je faisais des cauchemars, et il était le seul à être capable d’apaiser mon esprit tourmenté.

Zezhou-xianjun était bon pour moi, il me parlait toujours d’une voix chaleureuse, il m’apportait avec lui tous les jours. On était inséparables. Même lorsqu’il descendait de la montagne pour vaincre des démons, il m’emmenait avec lui.

Je pus aussi revoir Xie Lin. J’avais entendu de nombreuses rumeurs à son sujet sur la montagne. On disait qu’il tuait les gens de sang-froid, qu’il était pervers et désagréable, qu’il était insidieux et malin, à la nature changeante.

Je pensais que tout ça était faux.

Il ne m’avait pas tué, son tempérament était correct, il n’était pas insidieux, et sa nature n’était pas changeante.

Il me faisait peur et il m’avait pris en otage pour m’échanger contre des artefacts immortels de Zezhou-xianjun, mais il ne m’avait pas jeté dans une grotte remplie de serpents.

Et si on devait parler de qui est insidieux, personne n’est comparable au groupe de personnes à la secte Qingxu.

Les démons dont Su Zezhou voulait se débarrasser étaient les subordonnés de Xie Lin.

À Huangchuan, Xie Lin tenait son épée à la main, le sang noir s’écoulant le long du fil de la lame, tombant sur le sol de la même couleur. Il nous lança un regard en coin et dit avec indifférence : « Ne te dresse pas sur mon chemin. »

Il semblait sur le point d’attaquer à tout moment.

Je restai stupidement figé sur place. Xie Lin me lança un regard, et il demanda à Su Zezhou pourquoi il avait amené un petit animal de compagnie sans défense.

Il se souvenait encore de moi.

Mais je n’étais plus un petit animal de compagnie. J’avais bien grandi, comme un bambou, et j’avais maintenant l’apparence d’un adolescent.

Zezhou-xianjun érigea une barrière et me demanda de rester sur place, puis il s’avança vers Xie Lin et son groupe.

La lumière des épées était si brillante que je ne pouvais pas voir clairement leurs silhouettes. Après être resté dans la barrière pendant deux quarts d’heure, la lumière s’atténua graduellement.

Leur apparence n’avait pas du tout changé, leurs vêtements flottaient, les lignes claires, et aucun des deux n’avait le dessus.

Personne n’était blessé. Je poussai un soupir de soulagement. L’instant suivant, la barrière fut soudainement détruite, et une bête féroce m’attaqua par-derrière.

Je n’eus pas le temps de réagir que Xie Lin m’attrapait et me poussait derrière son dos pour me protéger.

Puis d’un coup d’épée, il trancha la tête du monstre qui roula au sol.

Les manches de Xie Lin avaient été aspergées par l’épais sang noir. Subtilement, j’étirai la main pour l’aider à les nettoyer.

Xie Lin dit froidement : « Petit, ne me tripote pas. »

Zezhou-xianjun fronça les sourcils dans ma direction.

Je relâchai immédiatement la manche de Xie Lin.

Xie Lin sourit, il pinça mes joues avec tellement de force qu’elles en étaient déformées.

 « Tu as un peu plus de courage? »

Zezhou-xianjun pointa son épée vers Xie Lin et lui ordonna de me lâcher.

Je voulais dire quelque chose, mais je ne pus que bredouiller quelques mots. Xie Lin me relâcha et me lança un regard, se moquant de ma maigreur qui me donnait l’air d’un fantôme.

L’expression de Zezhou-xianjun était très laide, et il dit d’une voix froide : « Qu’est-ce que tu as à voir avec lui? »

 « Ce prince aime s’impliquer dans ce qui ne le regarde pas. » Xie Lin releva le menton. Il regarda Zezhou-xianjun et demanda en souriant : « Qu’est-ce que tu as à voir avec lui? »

Ils recommencèrent à se battre, de la rivière à la dense forêt, l’intention de l’épée aiguisée découpant les larges troncs d’arbre.

Les subordonnés de Xie Lin me connaissaient, alors ils m’entrainèrent avec eux pour regarder le combat.

Au milieu de la dense forêt, un gigantesque rocher se dressait abruptement entre deux arbres. Je me tenais sur ce rocher, dresser sur la pointe des pieds pour voir le combat.

Au début, j’étais un peu anxieux, puis je ne pouvais plus détourner les yeux.

Ce n’est qu’à la nuit tombée que je demandai aux subordonnés de Xie Lin : « Quand vont-ils arrêter? »

 « Dans quelques minutes, » répondirent étrangement les subordonnés de Xie Lin. « Su Zezhou a presque épuisé ses mouvements, attends encore un peu. »

Comme ils l’avaient dit, au bout de quelques minutes, tout était fini.

Xie Lin bougea rapidement pour monter sur le rocher et lancer un regard de dédain à Zezhou-xianjun. Il dit : « Ce prince a des choses à faire aujourd’hui, alors je te laisse partir pour cette fois. »

Dès que sa voix tomba, l’épée dans la main de Zezhou-xianjun vola soudainement dans les airs. Xie Lin fit un pas sur le côté, évitant l’épée qui alla se figer dans la pierre derrière, créant un trou.

Le trou devint de plus en plus gros, laissant s’échapper une lumière blanche. Et l’instant suivant, Xie Lin attrapa ma jambe, et on fut tous les deux aspirés à l’intérieur.

Tout s’était passé si vite, je réalisai que la scène autour de moi avait changé.

La jungle à la végétation dense et luxuriante s’était changée en une belle île.

L’océan azur s’étirait sans fin, le vent soufflait sur les eaux, entraînant une odeur salée réconfortante.

Xie Lin botta un coquillage pour l’ouvrir, et dit sans une once de regret : « Désolé, j’avais besoin de quelqu’un à sacrifier à ma place. »

« Où est-ce qu’on est? » lui demandai-je.

Xie Lin étira sa conscience divine pour explorer les environs un instant, puis il dit : « Un endroit secret dans Huangchuan. »

L’île n’était pas grande. Je suivais Xie Lin aux alentours, avant de lui demander : « Comment est-ce qu’on en sort? »

« On ne cherche pas la sortie, » dit Xie Lin d’un air calme et posé. « On attend la mort ici. »

J’avais peur que Zezhou-xianjun s’inquiète pour moi, et je n’osais pas le montrer devant Xie Lin, mais j’étais secrètement un peu anxieux.

Pendant un long moment, Xie Lin resta assis sur la plage. Il ramassait des coquillages qu’il lançait dans l’océan, de plus en plus loin.

Je m’assis près de lui, et je ramassai un gros tas de coquillages pour lui.

Xie Lin : « Qu’est-ce que tu attends impatiemment que je fasse? Tu veux jouer aussi? »

Je secouai la tête. Après un instant d’hésitation, je décidai de tourner autour du pot : « Tu crois que tes subordonnés s’inquiètent pour toi? »

Xie Lin sembla lire dans mes pensées. Il dit : « Tu as peur que Su Zezhou s’inquiète? »

Je levai la tête pour le regarder, puis j’acquiesçai prudemment.