Romans, Souillé
Laisser un commentaire

Chapitre 109 – Les gens ne sont pas faciles à tromper

Traduction française par Tian Wangzi

Peu importe à quel point Mo Xi pouvait être lent à comprendre ce sujet, il comprit enfin ce que l’expression de Li Gong voulait dire alors, et il ne put s’empêcher de se fâcher. Il tourna la tête pour le retrouver, mais ce vieux renard s’était déjà échappé. Mo Xi resta sans mot un moment avant d’entrer dans le hall en soupirant. Il s’arrêta devant le bureau de la princesse Mengze et demanda : « …Pourquoi tu es là? »

La nuit était claire et froide. Le corps de Mengze était faible, et elle portait une légère robe cyan. Elle toussa légèrement, mais sa voix était chaleureuse : « Mon frère est malade, et il n’a pas eu le temps de réviser ces documents aujourd’hui, alors je suis venue l’aider. »

Murong Mengze avait beau être une femme, elle pouvait être nommée parmi les trois gentilhommes de Chonghua, alors aider ainsi n’était pas déraisonnable.

Elle traitait les gens avec humanité et sagesse, elle connaissait bien la situation politique et militaire actuelle, et elle n’avait pas une opinion négative des hommes de l’empire. Si elle était faible maintenant, c’était seulement parce qu’elle avait soigné Mo Xi des années plus tôt et avait alors développé une maladie chronique, mais avant, sa technique et son pouvoir spirituel étaient bons, on aurait même pu dire qu’elle avait un réel don, qu’elle pourrait surpasser n’importe quel enseignant.

Maintenant, même si elle ne pouvait plus se battre au front, elle pouvait superviser le déroulement dans la tente centrale. Si ce n’était du fait que dans les neuf provinces, il n’y avait aucune femme à la tête d’un royaume, l’empereur lui aurait sûrement conféré un titre de noblesse, et il n’aurait pas besoin de se justifier pour lui donner légalement des responsabilités. Malheureusement, aux yeux de la majorité des hommes, les femmes ne sont que des femmes, destinées à être belle derrière des fenêtres fermées, à passer leur temps à se maquiller devant leur miroir, et s’il y en a qui sont sages ou talentueuses, elles ne peuvent que contribuer à la réussite de leurs maris officiers dans la dynastie. Ou encore leur père ou leur frère, tant que la demoiselle de la famille ne se montre pas en public.

Ainsi, même si Murong Mengze était d’une incroyable beauté, la princesse du pays, quand les gens la mentionnaient, ils disaient le plus souvent : « Oh, c’est la femme de Xihe-jun, c’est juste qu’ils ne sont pas encore mariés, elle n’a pas encore passé sa porte. »

La situation était ainsi : l’empereur était impuissant, et même si Mengze était un joyau qui était intègre et intelligente, il ne pouvait pas l’utiliser à son plein potentiel. Cependant, il ne voulait pas déléguer certains pouvoirs centraux de l’empire aux mains de nobles ordinaires, mais il n’avait pas la force de tout faire lui-même. En regardant parmi ses proches parents, à part Mengze, il y avait Yanping, et il y avait Murong Lian.

Inutile de parler de Yanping, elle a une grosse poitrine et peu de jugeote. Sur dix jeunes nobles, neuf étaient montés dans son lit. Elle pouvait peindre des œuvres érotiques, mais c’était ridicule de la laisser lire des rapports militaires.

Quant à Murong Lian… Sans mentionner son grand-père qui avait l’intention d’usurper le trône, avant sa mort, l’empereur précédent avait sérieusement envisagé de faire de Murong Lian son fils et son héritier, alors c’était impossible qu’il n’ait aucun ressentiment pour l’empereur actuel.

Il ne restait que Mengze.

Murong Mengze était intelligente et sage, elle avait les idées claires et elle était talentueuse. La seule déception était qu’elle était née fille. Mais qui pouvait dire si cette déception n’était pas le plus grand réconfort de l’empereur?

Dans ce monde trépidant, les femmes ne peuvent pas renverser les tempêtes, elles ne peuvent pas obtenir de pouvoir ni d’autorité, et elles ne peuvent pas non plus recueillir de soutien. Tant qu’elle n’est pas mariée, elle appartient à l’homme le plus près d’elle, dans ce cas-ci, son grand frère, l’empereur lui-même.

Il était plus tolérant avec elle.

À la lumière des chandelles du pavillon, Mengze tourna la tête et dit d’une voix douce à la servante : « Yue-niang, va chercher du thé pour Xihe-jun. »

« Oui. »

Yue-niang se retira pour revenir rapidement avec du thé et des collations qu’elle posa une à une. Elle dit en souriant : « Xihe-jun, prenez votre temps. Cette servante montera la garde à l’extérieur. »

La servante à la robe de gaze rouge s’inclina légèrement et se retira, refermant derrière elle la porte de bois de santal qui grinça en donnant une impression d’intimité au bureau.

Mo Xi prit place et demanda : « Comment va l’empereur? Comment est-il tombé malade soudainement? »

Mengze soupira : « Il refuse de le dire, et il ne permet pas aux docteurs de la terrasse Shennong d’en parler à l’extérieur. Je sais seulement qu’il était alité il y a quelques jours… Mais peu importe, j’ai eu le droit de le visiter ce matin, le moment le plus dangereux est déjà passé. Seulement, il est encore faible, il devra encore récupérer pendant trois ou quatre jours.

Elle fit une pause, tournant un regard interrogateur vers Mo Xi : « Mo-dage, est-ce que tu venais faire ton rapport de mission à mon frère impérial? »

« Oui. »

Mengze demanda, inquiète : « Mais tout s’est bien déroulé? »

Mo Xi évita l’important en ne parlant que des détails mineurs : « Chenqing a subi quelques blessures, il s’est déjà rendu chez le maître médecin Jiang. Il ne s’est rien passé d’autre. »

« Alors, c’est bien. » Mengze soupira : « Cependant, j’ai peur que mon frère impérial ne puisse pas te voir dans les prochains jours, alors, Mo-dage, tu devrais revenir avec un rapport écrit, je lui transmettrai pour toi. »

Mo Xi la remercia. En voyant qu’elle était occupée sur les dossiers, le visage fatigué, il eut envie de l’aider. Mais il réalisa immédiatement que l’empereur n’avait pas remis ces documents à un officier auxiliaire, ils avaient tous été remis à Mengze pour approbation, alors il ne voulait sans doute pas que des officiers externes y mettent leur nez. Il dit seulement : « Il est tard, je vais rentrer. Tu devrais finir ça pour rentrer te reposer. »

Une vague sembla passer dans les beaux yeux de Mengze, et elle dit en souriant : « Hm? Tu pars si vite, tu ne restes pas un peu pour m’accompagner? »

Mo Xi : « … »

« Bien, je ne fais que te taquiner, Mo-dage. Regarde-toi, tout couvert de la poussière du voyage, je n’ai pas le cœur de te forcer à m’accompagner pour discuter. » Puis, Mengze toussota légèrement. Elle se couvrit la bouche et dit d’une voix chaleureusement : « Rentre vite. »

Mo Xi se releva, baissa les yeux et lui dit : « La nuit sera froide, n’oublie pas de demander à Yue-niang de t’apporter une robe plus épaisse. »

Mengze dit en souriant : « Oui. »

Mo Xi quitta les lieux, et dès qu’il sortit du bureau, Yue-niang entra à sa suite. Elle servait Mengze depuis des années, et même si elle gardait les manières d’une esclave devant les autres, mais dès qu’elle était devant Mengze, elle avait la parole facile et ne cachait pas ses mots.

Alors, en regardant l’endroit où avait disparu Mo Xi, elle tapa du pied et dit à Mengze d’un air offensé : « Majesté… »

« Qu’y a-t-il? »

« Comment avez-vous pu laisser repartir Xihe-jun, ah? Ça faisait si longtemps que vous n’étiez pas rentrée en ville, et vous aviez une rare chance d’être seule avec lui aujourd’hui, pourquoi ne pas l’avoir gardé un peu? » Yue-niang pinça les lèvres et murmura : « Vous auriez pu souper ensemble. »

Mengze trempa sa pierre d’encre dans l’eau, prit un pinceau et dit en écrivant : « Pourquoi l’aurais-je forcé à rester, il n’en avait pas envie. »

« Mais Majesté, vous avez donné votre santé pour soigner son cœur spirituel. Si vous demandez à Xihe-jun d’aller à l’ouest, il n’ira certainement pas à l’est. Il vous doit une si grande faveur! »

Mengze sourit : « Ce n’est qu’une faveur, je ne compte pas lui demander de me la rendre. »

« Majesté, vous dites ça, mais bien sûr vous voulez qu’il vous la rende! » En voyant Murong Mengze aussi indifférente, Yue-niang était un peu anxieuse. « Xihe-jun est beau et puissant, il a bonne réputation, et on dit que pendant les trois ans qu’il a passés à la frontière, il n’a pas touché à une seule femme qui s’alignaient devant lui, contrairement aux autres jeunes hommes. Si vous l’épousez, un tel mari ne sera pas une perte. Et si vous laissez tomber, même les démons et les fantômes feront la file pour l’épouser… comment cela pourrait-il être acceptable? »

Plus elle parlait et plus elle s’inquiétait, et à la fin, elle agita la main, délibérément provocatrice : « Je m’en fiche, je m’en fiche, mais s’il ne se marie pas à notre princesse, il n’a pas le droit d’en épouser une autre, et aucune autre femme n’a le droit de le taquiner! »

Mengze écouta cette servante qui parlait sans se soucier des règles et ne dit pas un mot. Elle continua seulement d’écrire, et au bout d’un long moment, elle lui demanda sans trop y porter attention : « Yue-er, tu trouves aussi que Xihe-jun est beau? »

« Bien sûr qu’il est… » Au milieu de sa phrase, elle réalisa soudainement qu’elle allait trop loin, alors elle s’empressa de dire : « Non, non, non, Xihe-jun est comme un dieu, cette esclave ne devrait pas trop placoter. »

Mengze sourit. Au nom de son frère l’empereur, elle apposa le sceau sur un rapport et souffla pour en faire sécher l’encre. Elle dit : « Ce n’est rien. Même si tu ne le dis pas, je sais que les petites servantes comme toi aiment toutes ce genre d’homme. Noble, honnête, fiable, et plutôt bien. »

Yue-niang était de plus en plus inquiète : « Majesté, même si vous prêtiez tout votre courage à cette esclave, cette esclave n’oserait pas… n’oserait pas… »

« De quoi as-tu peur? » demanda Mengze d’une voix douce. « Je ne fais que discuter avec toi. Par exemple, il est bien pour ceci et cela, mais Yue-er, n’as-tu pas pensé pourquoi un homme aussi excellent n’est toujours pas marié à son âge? »

Yue Niang marmonna : « C’est parce que vous n’êtes pas en bonne santé, Majesté. »

« En quoi est-ce ma faute? » Mengze sourit. « S’il voulait vraiment m’épouser, il aurait déjà demandé ma main à l’empereur. » Elle perdit un peu de son sourire. « Mais il ne le veut pas, alors il continue de repousser les choses. »

« …C’est pour ça que cette esclave voulait que vous restiez un peu avec Xihe-jun, Majesté! Regardez, vous avez peu d’occasions de vous voir seuls tous les deux. Cet homme ne voit que la personne devant lui, alors un mois sans se voir, plusieurs mois, les émotions puissantes finissent par s’estomper. » Yue Niang fit une pause, elle se mordit la lèvre inférieure, comme si elle pressait sa chance. « Et vous ne le savez pas, Majesté, mais j’ai entendu ce que les gens disent. Quand vous n’êtes pas là, toutes les jeunes femmes s’empressent pour courtiser Xihe-jun. Même votre jeune sœur, la princesse Yanping, elle veut le… le… »

Yanping était une princesse, après tout, quant à parler de séduction, même si elle était familière avec Mengze, Yue Niang n’osa pas en parler directement, et au final elle ne put que dire vaguement : « Elle veut ce Xihe-jun. Vous voyez qu’elle est proactive. Majesté, pourquoi repoussez-vous encore Xihe-jun? Vous n’y pensez pas, il était peut-être ici pour vous, aujourd’hui! Je ne suis vraiment pas digne de vous substituer! »

Mengze secoua la tête : « Le melon qu’on force à pousser n’est pas doux. Je ne veux pas le forcer. »

« Majesté! » Offensée, Yue Niang dit : « Ah, mais vous… maintenant… Si c’est ainsi et que Xihe-jun ne demande pas votre main, n’allez-vous pas vous fatiguer à l’attendre? »

« Yue-er, ne dit pas n’importe quoi. » Mengze déposa son pinceau et dit avec grand sérieux : « Je n’ai aucun lien avec Xihe-jun, alors comment pourrais-je me fatiguer? »

« Mais… »

« Ça suffit, ne reparle plus jamais de ça. »

Yue Niang se mordit la douce lèvre inférieure, puis elle baissa la tête, déçue, et dit : « … D’accord. »

Mengze reprit son pinceau et prit le rapport suivant pour l’approuver. Le silence s’installa dans le bureau, et soudainement, Yue Niang marmonna sans vouloir se résigner : « Et si… et si Xihe-jun était ingrat et qu’il avait déjà une autre demoiselle derrière vous, Majesté, pourriez-vous le laisser avec elle? »

Le pinceau de Mengze fit une courte pause.

Elle leva la tête : « Qu’est-ce que tu veux dire? »

Yue Niang semblait ne pas être capable de le supporter, trop embarrassée pour en parler, et elle se retint un long moment sous le regard clair de Mengze, avant de finalement ne plus pouvoir se retenir : « …Avez-vous remarqué son bandeau, ce soir? »

« Hm? »

Yue Niang prit une grande inspiration : « Ce n’est pas étrange que vous n’ayez pas remarqué, Majesté, mais cette esclave a servi ses maîtres depuis son enfance, je suis habituée à porter attention aux habits et aux accessoires de mes maîtres. Le bandeau que portait Mo Xi ce soir était simplement bleu-vert, sans motif. »

En voyant que Mengze ne réagissait pas, Yue Niang clarifia rudement les choses : « C’est l’accessoire d’une personne de naissance humble, ah! »

« … »

Puisqu’elle s’était ouvert la bouche, elle ne pouvait pas la refermer. Les yeux un peu rouges, elle dit les joues gonflées de colère : « C’est l’accessoire d’une pauvre putain! Princesse, vous l’ignorez, mais les femmes de la rue sont les plus manipulatrices, elles font tout pour s’élever. Il faut être particulièrement effrontée pour draguer Xihe-jun, et vous vous relaxez! Xihe-jun porte le ruban d’une autre, il faut bien qu’ils soient intimes, alors, et vous ne voyez rien! Je, je , je, je vais vraiment me fâcher à mort contre lui! Lorsqu’il était en danger, vous l’avez sauvé, ah! Alors comment peut-il vous laisser tomber à ce point! »

Yue Niang dit tout ça en souffle. Mengze ne dit rien, mais elle pointa son pinceau et prit trop d’encre, et soudainement une goutte d’encre tomba sur la soie, se répandant en un gros nuage.

Peu de temps après, elle baissa son élégant visage, replongea son pinceau, et dit d’une voix basse : « …Ce n’est qu’un ruban de soie, rien de plus. Il a dû changer le sien sans trop y réfléchir. »

Yue Niang dit avec inquiétude : « Vous ne devez plus croire ses mensonges, d’accord? Vous savez à quel point il respecte les règles, il n’est pas ce genre de personne! »

Mengze l’interrompit soudainement : « Ça suffit. »

« … »

« N’en reparle plus, je ne veux rien entendre. »

En voyant qu’elle ne changerait pas d’idée, Yue Niang ne put pas lui résister, et elle garda le silence, les yeux un peu rouges. Mengze n’ajouta rien, mais elle ne retourna pas non plus à son travail tournant seulement la tête pour regarder les bambous danser dans la brise par la fenêtre. Dans la lumière des chandelles, son regard se brouilla peu à peu…

L’auteure a quelque chose à dire :

Yue Niang : Princesse! Je suis fâchée! Il y a un problème avec le bandeau de Xihe-jun! Il doit appartenir à une petite pute!!!

Gu Mangmang : Atchoum!

Yue Niang : Cette petite pute doit être particulièrement effrontée!! Elle doit faire sa coquette pour séduire les hommes!!

Gu Mangmang : Atchoum! Atchoum!

Yue Niang : Je vais aller chercher cette pétasse pour toi!!! Et la mettre dans la cage d’immersion à cochon[1]!!!!

Gu Mangmang : Atchoum! Atchoum! Atchoum!

Mo Xi : … Ça va?

Gu Mangmang : (se frottant le nez) Je ne sais pas, QAQ on dirait que quelqu’un m’injure???


[1] C’est un type de punition dans lequel le coupable est enfermé dans une « cage » en corde et immergé sous l’eau. Un crime mineur et la personne serait immergée un certain temps, mais dans le cas de l’adultère, la personne serait immergée à mort

Laisser un commentaire