Traduction française par Tian Wangzi
« Le jeune maître a toujours été en bonne santé, pourquoi est-il soudainement malade? » Mu HanZhang borda confortablement sa mère.
Qiu Shi regarda autour d’elle, puis dit à voix basse : « Le 7 janvier, le jeune maître est sorti boire avec Hua Feng et Yang Wen, et on ne sait pas comment, ils sont tombés dans une douve. »
Mu HanZhang fronça les sourcils en l’écoutant. Le 7 janvier était parmi les jours les plus froids de l’année, tomber dans l’eau glaciale à cette période n’était certainement pas une chose frivole. Mais ils étaient trois hommes adultes, que faisaient-ils près de l’eau lors d’un jour aussi glacial?
« Les trois dames ont pleuré jusqu’à l’épuisement. Hua Feng s’est gelé sévèrement les pieds, Yang Wen est toujours alité sans pouvoir se lever. J’ignore ce qui est arrivé au jeune maître. Le médecin impérial est passé, mais Dame Bei WeiHou n’a pas dit un mot. » Qiu Shi parlait ainsi, mais il y avait de la joie dissimulée sur son visage. C’était les trois gamins qui avaient poussé Mu HanZhang dans l’étang à l’époque, alors que son corps avait été gravement gelé. Maintenant, ils recevaient enfin leur juste rétribution.
« Bien, mais comment sont-ils tous tombés dans la rivière? » Mu HanZhang continuait de trouver que c’était bien louche.
Qiu Shi regarda encore par la fenêtre, puis baissa la voix : « J’ai entendu dire qu’ils ont offensé quelqu’un du Jianghu, ils ont été battus, puis jetés à la rivière où ils ont pataugé un bon moment avant d’être repêchés.
Avec cette remarque, Mu HanZhang se dit que quelque chose n’allait pas. Il avait entendu Jing Shao parler de personnes du Jianghu, et ils ne se montreraient pas arrogants à ce point, à moins que la personne ignore qu’il s’agissait du fils de Bei WeiHou : « Ils ont arrêté le coupable? »
« Comment pourraient-ils? » Qiu Shi secoua la tête. « Ils ont dit qu’ils allaient prendre un verre, mais en fait, ils sont allés visiter un bordel sans emmener de serviteurs, alors personne ne sait qui les a battus. » Les trois hommes étaient bien connus dans la capitale pour être des fils de riches hédonistes, ils avaient offensé plusieurs personnes, alors ils ne pouvaient vraiment pas savoir qui était le coupable.
Après la cour, ignorant les acclamations des officiers, Jing Shao allait saluer son frère, mais il se rendit d’abord au palais FengYi. Par coïncidence, le quatrième prince se dirigeait aussi dans cette direction, alors Jing Shao étira les lèvres et cria : « Quatrième petit frère impérial, tu vas aussi saluer respectueusement notre mère impériale? »
Jing Yu s’arrêta, soupira profondément, puis se tourna, souriant, et le salua respectueusement : « Troisième frère impérial, ce petit frère ne t’a pas encore félicité pour le titre de noblesse de WangFei. »
« Tss, qu’est-ce qu’il y a à célébrer? » Jing Shao sourit seulement en surface. « Un homme épouse avec un titre de noblesse, mais je ne peux pas le divorcer comme je veux, et encore moins prendre d’autres concubines. »
« Vraiment? Ce jeune frère ne connait pas vraiment ces lois, » dit le quatrième prince en souriant avec embarras. Il avait cru que le titre de noblesse de Cheng WangFei était une menace pour lui, mais il semblait que ce ne soit pas exactement le cas. Song An avait complètement offensé Jing Shao aujourd’hui, on pouvait donc assumer qu’il n’allait probablement plus montrer de faveurs à sa fille, et maintenant il ne pouvait plus prendre d’autres concubines, mais Jing Shao n’avait pas encore d’héritier…
« Heng. » Jing Shao grogna vaguement. Ce jour-là, il avait vu sa WangFei lire « Les lois de Dachen », et c’est par curiosité qu’il avait appris que si un homme épouse obtenait un titre de noblesse, son mari n’avait pas le droit de prendre d’autres concubines. À l’époque, il s’était dit qu’il ferait mieux de tuer Mu LingBao pour saisir le titre de Bei WeiHou et le remettre à son Jun Qing, comme ça il aurait une raison légitime de ne plus prendre de concubines, mais les événements d’aujourd’hui lui évitaient bien des problèmes.
Les deux frères se rendirent ensemble au palais FengYi en ayant l’air de partager une bonne relation. L’impératrice Ji semblait toujours être une mère attentionnée, disant que Jing Shao avait l’air plus fort et robuste avec son expédition. En l’écoutant, Jing Shao fut pris de frissons. Il n’avait pas apporté de cadeau pour l’impératrice Ji, parlant seulement de l’austérité du campement militaire, et naturellement l’impératrice Ji ne s’informa pas de sa santé, mais le récompensa avec plusieurs articles que Jing Shao accepta sans cérémonie.
« Il y a eu quelques malentendus avec Cheng WangFei avant ton départ, et votre retour n’a pas été facile. Dis-lui de venir me voir au palais lorsqu’il aura du temps libre, j’ai beaucoup de bonnes choses à lui donner après les célébrations du Nouvel An, » dit l’impératrice Ji en souriant.
« Cet humble fils remercie d’abord ma mère impériale au nom de WangFei. » Jing Shao s’inclina à moitié pour la saluer sans trop sans soucier. Il échangea encore quelques politesses, puis quitta les lieux avec les cadeaux.
L’impératrice Ji serra si fortement le poing dans sa manche que ses jointures étaient blanches : « Il est venu les mains vides, il a vraiment du culot! »
« Après avoir mis à sac les manoirs des princes du sud-est et du sud-ouest, je ne peux pas croire qu’il n’ait rien ramené. » Le quatrième prince était indigné. Il s’était dit que si Jing Shao apportait des choses intéressantes en offrande à sa mère, il pourrait en profiter pour l’accuser de corruption. Mais qui aurait cru que ce type avait la peau plus épaisse que les murs de la ville, qu’il était si effronté qu’en plus d’être venu les mains vides, il était reparti avec des cadeaux.
« Ce n’est rien de grave. » L’impératrice Ji prit sa tasse de thé à deux mains pour prendre une gorgée. « Quelles récompenses lui a données Sa Majesté, aujourd’hui? »
« Mon père impérial ne lui a donné aucune récompense, mais il a conféré le rang de HouJue à Cheng WangFei, et il a demandé au ministère des Rites de choisir un titre et une date pour la cérémonie. » En parlant, le quatrième prince était un peu maussade. Puisque son père impérial avait agi ainsi, c’était pour montrer qu’il protégeait Jing Shao.
« Qu’est-ce que tu as dit? » L’impératrice Ji monta soudainement dans les aigus. L’empereur était déjà insatisfait de Jing Yu à cause de l’histoire du ministère du Revenu la dernière fois. Elle avait demandé à son petit frère Yong ChangBo aujourd’hui de prendre la parole pour permettre au quatrième prince de se montrer filial envers son père l’empereur, mais elle ne s’était pas attendue à ce que l’empereur ne s’en montre pas reconnaissant. À présent, même un idiot pouvait savoir que c’était une manigance du quatrième prince. Elle craignait que le prestige de Jing Yu à la cour impériale n’en soit grandement affecté, et peut-être que dans deux jours, on allait annoncer que le quatrième prince avait perdu les faveurs de l’empereur!
Le quatrième prince était extrêmement en colère, mais en baissant les yeux, il vit Yong ChangBo le regarder avec reproches, tournant lentement autour du pot : « Dianxia, je suis ton oncle, comment peux-tu me causer autant de problèmes? » Jing Yu ne put s’empêcher de grogner froidement. S’il lui avait dit que son père impérial avait permis à Cheng WangFei de suivre l’armée, comment son oncle aussi excessivement prudent aurait-il accepté de l’aider?
« C’est hors de question, on ne peut pas le laisser obtenir le titre. Si cette affaire se conclut, tu seras accusé d’inciter à la discorde, et alors qui sait ce qu’ils pourraient passer sur ton dos. » L’impératrice soutint son front de sa main, les sourcils froncés. Avant, l’empereur était clairement inquiet devant les accomplissements de Cheng Wang, qu’est-ce qui avait pu le faire changer d’avis? Avait-elle mal jugé le cœur de l’empereur?
Jing Shao quitta le palais. Il demanda aux serviteurs du palais de remettre les cadeaux à Yun Song alors qu’il montait lui-même sur Xiao Hei, profitant du trajet vers le manoir de Rui Wang.
« Où est Saozi? » Jing Shao regarda autour de lui. Habituellement, quand il venait au manoir, Rui WangFei lui apportait toujours du thé et des gâteaux.
« Elle a donné naissance à un fils en début d’année, elle n’a pas terminé sa période de récupération, » dit Jing Chen sans vraiment s’en soucier.
« Ah, félicitations, gege, » dit Jing Shao en souriant. Maintenant, Jing Chen avait déjà trois fils et deux filles. Parmi les princes, c’était celui qui était le plus vigoureux, et l’empereur HongZheng en était très satisfait.
« La cérémonie pour lui conférer le rang de Hou ne doit pas être trop grandiose. Tu devrais rentrer en parler avec ton mari. » Jing Chen était responsable du ministère des Rites, alors naturellement l’organisation de la cérémonie lui revenait. Maintenant que tous les yeux étaient tournés sur Jing Shao, et comme la guerre n’était pas finie, s’ils faisaient ça trop grand, ce ne serait pas approprié.
Jing Shao hocha la tête. Même s’il aurait voulu faire une cérémonie grandiose pour la remise du titre à sa WangFei, il savait que Jun Qing n’aimerait pas ça, il serait plus satisfait avec une cérémonie toute simple.
« Le roi de Huainan de cette génération a hérité du trône il y a peu de temps, je ne l’ai jamais rencontré. » Jing Chen écouta le rapport de son petit frère, et resta silencieux un moment. « C’est très important, tu dois rester très prudent. Je vais demander à notre père impérial de l’accompagner en visite, je veux aller moi-même à Jiangnan le rencontrer. »
Jing Shao hocha la tête. Il valait mieux que son grand frère rencontre le roi de Huainan. S’il n’y avait que sa parole, Gu HuaiQing n’allait peut-être pas le croire, mais si son grand frère y allait, la garantie du futur empereur était naturellement plus fiable que la sienne.
Les deux frères discutèrent jusqu’à midi, et ce n’est qu’alors que Jing Shao réalisa que son grand frère n’était pas allé au ministère des Rites, aujourd’hui.
« Le ministère des Rites a de nombreux officiers, je n’ai pas à m’occuper de tout moi-même. » Jing Chen sirota lentement son thé. Il avait deviné que Jing Shao viendrait le voir aujourd’hui, alors il avait pris ses arrangements la veille.
Ils prirent place à table, alors que Jing Shao était encore surpris que son grand frère consciencieux soit aussi du genre à sécher le travail.
Comme Jing Shao n’arrêtait pas de penser à la façon dont il allait annoncer la nouvelle de son rang à sa WangFei, il quitta directement après le dîner, chevauchant Xiao Hei directement vers le manoir de Bei WeiHou.
Mu HanZhang regarda son père enchaîner les coupes de vin, et il ne put s’empêcher de froncer les sourcils : « Père, qu’est-ce qui vous ennuie? »
Mu Jin avala le vin dans son verre, jeta un regard à son second fils à ses côtés, soupira, puis continua à enchaîner les verres.