Oeuvres originales, Soupe de poisson et champignon
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Soupe de poisson et champignon

Le son des pas qui faisaient écho dans le corridor était étrange à mes oreilles. Tout était étonnant et inhabituel dans ce palais au fond de l’eau. Mes hôtes avaient porté attention à ériger des barrières pour repousser l’eau hors des corridors afin de faciliter mes déplacements entre mes quartiers et le hall de conférence, mais cela donnait l’impression que les sons se réverbéraient dans un tube. J’étais enfermé à leur merci dans ce décor enchanteur, avec cette constante humidité qui imprégnait tout l’espace.

Un champignon ne s’en plaindra pas. Quoiqu’il y avait peut-être un peu trop de sel à mon goût.

Ma peau irritée me démangeait, mes mains fuyaient dans mes manches, sans grand succès. C’était ça, être un ambassadeur de la surface dans un empire situé au cœur de l’océan.

55: « Il n’y a pas que ta peau qui te démange! »
23: « L’enthousiasme de mettre la main sur des informations précieuses pour l’empereur le démange aussi. »
36: « Bien sûr que non! Tu es dans ses pensées comme nous, tu sais bien ce qui le démange, héhé. »
55: « Le beau prince héritier des poissons, tu vas le… »
17: « Pitié non, je veux pas penser ça… »
41: « +1 »
08: « +1 »
63: « +1 »

La tête me tournait un peu, mais j’ignorais si c’était leur faute ou si c’était l’embarras qui avait fait monter trop vite le sang à mes joues. Il était impossible de faire taire le Mycélium, j’étais condamné à les entendre continuellement dans ma tête, à commenter la moindre parcelle de ma vie… ou des leurs. J’espérais qu’il se passe un événement majeur à la surface, mais honnêtement, il ne devait y avoir qu’une tentative d’assassinat contre l’empereur qui soit assez majeure en ce moment pour détourner l’attention du Mycélium.

Parce que le prince héritier des poissons m’avait fait convoquer à son bureau. Il n’y avait rien de plus intéressant en ce moment pour notre service de renseignements.

J’étais le premier ambassadeur que l’empire de la mer du Sud avait accepté d’accueillir dans son palais submergé. J’avais déjà discuté avec le roi et les ministres quelques fois, et les relations tendaient vers l’amiable, mais je n’avais encore rien trouvé qui permettrait à Sa Majesté d’avoir le contrôle des négociations, d’avoir la main mise sur ce peuple qui régnait sur les océans.

Mais le prince m’avait invité à son bureau.

Mes pas s’arrêtèrent devant l’entrée de la pièce, un peu mal à l’aise devant l’absence de porte et l’absence même de serviteurs pour annoncer mon arrivée. Le bureau n’avait pas de murs autres que le mur du fond, qui était recouvert de bibliothèques remplies de tablettes de jade et de rouleau de soie. Des piliers de marbre décorés soutenaient le toit à intervalle régulier, comme une extension même de la roche dans laquelle le palais submergé était à moitié enfoncé.

Des coraux, des algues, des coquillages, toutes ces créatures que je ne pourrais pas nommer poussaient et vivaient sur ces piliers, décorant naturellement la pièce avec des couleurs et des formes qui n’étaient similaires à aucune créature de la surface. Tout le sol était couvert d’une douce algue verte formant un tapis qui était à la fois moelleux et doux. Mis à part les bibliothèques, il semblait ne pas y avoir de meubles à proprement parler. Mais était-ce des roches couvertes de mousse bleus, roses et jaunes qui invitaient à s’asseoir, ou à se pencher avec un rouleau à étudier? Après avoir tenté le jour de mon arrivée de m’asseoir sur un gros crabe dont la carapace imitait une roche, je doutais maintenant de tout ce qui semblait être « stable ».

Je m’étais arrêté devant un reflet parfois bleu, parfois mauve, à l’entrée; une barrière permanente. D’un seul coup d’œil, il était facile de voir que le but de cette barrière était de maintenir l’eau à l’écart afin de protéger l’encre sur les documents dans le bureau. Elle n’empêchait personne d’entrer à l’intérieur.

Mais ce bureau était si ouvert, si sans défense, si exposé. Évidemment, il serait compliqué pour le moindre espion de plonger à cette profondeur afin de dérober les secrets des poissons, alors pourquoi devraient-ils s’enfermer davantage? Dans leur élément, ils n’avaient rien à craindre des espions de la surface.

À moins de les inviter directement à leur porte.

« Ah, petit champignon, tu es là. »

Le prince des poissons était assis à son « bureau », étudiant une pile de documents qu’il avait posée sur une roche recouverte de mousse bourgogne. Le soleil d’après-midi se diffusait dans l’eau, les rayons se réverbérant sur la barrière avant de tomber sur son beau visage. Je pouvais entendre dans un coin de mon esprit le Mycélium s’écrier de moqueries sur la beauté de ce poisson à la fois tendre et majestueux, et sur mes pensées quand je voyais les muscles forts de ses avant-bras appuyer sur sa roche alors qu’il se relevait pour m’accueillir.

J’aurais pu être déçu de le voir marcher vers moi puisque sa queue de poisson était vraiment un spectacle dont je ne me lassais pas, mais son sourire me faisait littéralement fondre.

« Ne reste pas planté là, entre. »

Même sa voix faisait écho à mes oreilles, faisant rougir ma nuque et venant titiller mon cœur. Tout semblait faire écho dans ces bulles d’air restreintes au milieu de l’océan, créant une ambiance de proximité et d’intimité embarassantes.

Mais je tentai de ne rien laisser paraître, et en tant que bon ambassadeur qui n’attire aucun soupçon, je tâchai de garder mes yeux et mes mains pour moi, prenant place sur une petite roche de mousse verte que le prince me pointa devant son bureau.

« Majesté, j’espère que vous avez bien étudié la proposition de l’empereur. Notre empire peut vous offrir des vivres, des beautés, du textile, de l’or, en échange de votre protection pour permettre à nos bateaux de naviguer sur vos mers. Veuillez s’il vous plaît… »

Un rire franc et mélodieux me fit ravaler mes paroles. Le prince n’était pas retourné à son bureau, prenant plutôt un des documents qu’il avait posé à l’écart, le feuilletant distraitement en portant à peine intérêt à ce que je lui disais.

« Notre empire ne manque de rien. Il n’y a rien que votre empire a à nous offrir qui nous intéresse. L’océan nous offre tout ce qu’il nous faut en vivres, en textiles et en objets précieux. Quant aux beautés… »

Son sourire devint un peu mystérieux et moqueur.

« Votre empereur m’en a déjà envoyé, non? »

Je détournai le visage, incertain si c’était pour fuir son regard qui me faisait rougir, ou si c’était par la gêne que m’apportait la nouvelle explosion du Mycélium.

Mais le prince s’agenouilla devant moi, et du bout du document qu’il avait à la main, il m’encouragea à tourner la tête pour de nouveau plonger mon regard dans le sien. Je pourrais me noyer dans ces yeux aussi profonds que l’océan où on se trouvait.

– Hé, pourquoi tout cet embarras, maintenant? J’ai lu ta proposition, et je dois dire qu’elle m’a bien intéressé.
– Quelle… quelle proposition?

Il me tendit le document. C’était bien un des documents que j’avais apporté avec moi de la surface, mais la plupart de ces documents avaient été rédigés par d’autres, certains même par l’empereur. C’était des documents pour parler de l’empire, pour m’aider à faire accepter une alliance à l’empire de la mer du Sud. Je n’avais pas écrit moi-même ces documents.

Mais lorsque mes yeux se posèrent sur le titre inscrit sur la page couverture du document, je considérai un moment prendre un comprimé que j’avais sur moi, pour mettre fin à ma vie pathétique et misérable.

Je n’osais pas relever les yeux, mais ma vision était floue. Je savais ce que contenait ce document.

Le Mycélium aussi. J’aurais tout donné pour faire taire leurs moqueries qui s’entremêlaient dans ma tête.

Le prince s’approcha un peu plus – pourquoi était-il si près, ah! – et posa ses mains légèrement froides sur les miennes, pour m’encourager à ouvrir le document.

Sa voix semblait retentir directement à mon oreille. Il me semblait même sentir son souffle sur ma peau, me faisant perdre la tête.

« J’ai bien lu ta proposition. C’est très bien détaillé, bien imagé. Visiter mes quartiers au point que la surface te semble inintéressante, que je t’entraîne dans mon lit et te tourmente jusqu’à m’assurer que tu ne puisses plus en ressortir par toi-même? »

Il ricana doucement, faisant s’emballer mon cœur. Inconsciemment, je relevai les yeux sur ses lèvres trop proches. Oui, j’avais écrit tout ça. Mais ces écrits étaient mes secrets honteux dont seul le Mycélium connaissait l’existence, ils n’étaient pas destinés à être lus. Encore moins par lui. Surtout pas par lui.

J’eus un mouvement de recul, me maudissant d’avoir mis par erreur mes écrits érotiques avec les documents officiels, mais rapidement, il me saisit le poignet pour m’empêcher de fuir.

J’ignore comment, mais dans un bruissement de papiers, je pris la place de la pile de documents sur son bureau, alors que le Mycélium explosait encore au moment où ses lèvres s’emparaient des miennes.

55: « AAAAAAAAH! »
43: « Ew! »
08: « Ew +1 »
24: « Ew +1 »
55: « Majesté, je signe pour être le prochain. »
63: « EWWWW »

Lorsque le prince relâcha enfin mes lèvres, j’étais à bout de souffle, l’esprit confus entre ce qui se passait et les réactions du Mycélium.

Mais le prince aussi avait légèrement le souffle court, alors qu’il semblait m’observer sans me laisser la chance de fuir. Son sourire était irrésistible, mais il fut rapidement caché à ma vue puisqu’il se penchait à nouveau vers moi pour me murmurer à l’oreille.

« J’accepte ta proposition, mais pour t’aider à convaincre mon père, il va me falloir plus que ça. Consens-tu à ce que je fasse ce que je veux de toi? »

AHHHHH! Mais pourquoi il demande ça!!!!! Il ne pourrait pas juste me jeter sur son lit, fermer le rideau, et faire ce qu’il veut sans me demander mon avis???

55: « Pervers, j’aime ça. »
51: « Pervers +1 »
44: « Dépravé. »
32: « Cheap courtisane. »
11: « Cheap courtisane + 1 »

MAIS FERMEZ VOS GUEULES!

Le prince se redressa lentement. Je sentais encore son regard sur moi, mais cette fois il semblait plus maîtrisé. Sa voix même portait une légère trace de déception.

« Pardonne-moi, si ce n’est pas ce que tu veux, je… Ah, c’est malaisant. Je ne veux pas te forcer. Je me suis peut-être emporté quand j’ai lu ce que tu avais écrit sur nous. J’ai pensé que peut-être, tu étais aussi intéressé que moi… »

J’avais clairement écrit des scènes où il me prenait contre mon gré, où il me faisait chanter au nom de l’empire, où il m’attachait pour m’empêcher de le repousser, mais il était là à se contrôler parce que je n’avais pas dit : « Oui »?

Mais j’ai pas dit non non plus!

Et on n’allait pas en rester là, j’allais pas manquer cette chance!

J’attrapai le prince par le col et je l’attirai à moi, recollant mes lèvres contre les siennes.

J’ai dû le prendre par surprise, car il perdit l’équilibre et s’effondra sur moi. Probablement par réflexe, il se jeta sur le côté pour ne pas m’écraser, et on culbuta ensemble jusqu’à tomber dans les algues vertes qui couvraient le sol, moi sur le dessus.

« Hmm, je préfère ça. »

Je pourrais tuer pour son sourire.

Sa main large et un peu froide se posa sur ma nuque, et il se redressa, son autre main cherchant déjà à détacher ma ceinture. Tout son être m’hypnotisait. J’accrochai mes mains autour de son cou pour l’encourager, cherchant encore ses lèvres, mais il me les refusa, comme s’il préférait parsemer ma mâchoire et mon cou d’innombrables baisers qui dessinaient des lignes enflammées sur ma peau même si sa température corporelle était naturellement plus froide que la mienne.

J’étais cruellement conscient du moindre de ses mouvements. Je sentais avec une intense précision ses lèvres descendre sur ma clavicule. Je sentais avec une poignante clarté ses doigts qui retiraient ma ceinture avant de glisser sous mes vêtements pour remonter sur mon épaule, dégageant un plus grand terrain de jeu pour ses lèvres. Et je sentais surtout avec une écrasante anticipation son membre déjà bien dur qui se frottait par moment sur mon estomac à travers nos trop nombreuses couches de vêtements.

Ça faisait tellement longtemps que je le désirais, ça faisait si longtemps que je désirais quelqu’un à ce point. Alors je me collai un peu plus contre lui, frottant mon bas ventre contre son membre érigé. Ses légers grognements vinrent directement poignarder mon cœur, me rendant encore plus impatient.

Et je n’étais pas le seul. D’un mouvement brusque, il échangea nos positions, une main soutenant le derrière de ma tête et l’autre de ma taille pour m’empêcher de me fracasser contre le sol. Mais dès qu’il prit place au-dessus de moi, ses mains s’affairèrent à me débarrasser de mes robes.

Je le désirais en moi maintenant. Mais il était décidé à se faire désirer, prenant une pause alors qu’il retirait lentement ses propres vêtements, m’étudiant de haut.

Son regard me faisait rougir, j’avais envie de me cacher dans les algues, mais j’étais coincé sous lui, et complètement exposé à ses yeux profonds. Il y avait quelque chose dans son regard que je n’avais jamais vu avec mes précédents partenaires.

Il n’y avait pas que du désir ou qu’un instinct presque animal de dominer une autre personne. Il y avait quelque chose de plus, comme s’il désirait ouvrir mon âme et s’y frayer une place, comme s’il voulait s’emparer de mon cœur avec une promesse d’éternité.

Et tout mon être voulait s’accrocher à cette promesse.

Le prince se pencha lentement sur moi, et nos regards se croisèrent un moment, comme s’il cherchait encore une fois le consentement dans mes yeux. Je fermai les yeux alors que je l’attirais à moi pour reprendre ses lèvres.

Je sentis son membre presser contre mon ouverture, et, lentement…

« Ah, Xiao Suo, tu es là! Tu sais où est Momo-er? »

Ying Suo s’empressa de refermer le livre, le cachant derrière lui en se tournant vers l’homme qui venait d’entrer dans sa chambre sans cogner.

– Il… Il… Euh…
– Ça va? Tu es un peu rouge. Tu fais de la fièvre?

Alors que l’homme s’approchait pour vérifier son état, Ying Suo s’empressa de se reculer en levant les mains pour l’arrêter. Mais rapidement il rebaissa les mains devant lui, espérant que l’homme n’avait rien remarqué de son anatomie réveillé.

– Je n’ai rien, Zongzhu. Wen Momo accompagnait Ying Zhu au sommet Shennong, ils sont partis il y a moins d’un shichen.
– Oh. Tu devrais peut-être m’y accompagner, aussi.
– N… non, je vais bien, Zongzhu.
– Tu m’accompagnes, Xiao Suo.
– … Laissez-moi me changer et j’arrive…

Zongzhu sortit en refermant la porte, et Ying Suo se laissa tomber dans son lit, criant sa gêne dans son oreiller. Il savait qu’il ne pouvait pas se faire attendre plus longtemps, alors il changea rapidement ses vêtements, et sortit à son tour, laissant ce livre bien en évidence sur son lit, exposant le titre clair et innocent qui avait trompé un si jeune garçon curieux.

« Soupe de poisson et champignon. »


Notes de l’auteur – Soupe de poisson et champignon est le roman sur lequel je travaille. Il devrait s’étendre sur plus de 300 chapitres, avec plusieurs chapitres bonus, alors il n’est pas improbable que je poste d’autres bonus comme celui-ci de temps à autre d’ici à ce que je sois prêt à publier l’oeuvre entière.

Il est normal que tout ne soit pas clair dans ce bonus. Beaucoup de choses sont expliqués dans le roman, et ce bonus n’est de toute façon qu’une fanfic self-insert que le Main Lover, le champignon, a écrit.

Bref, c’est encore un projet en cours, prenez rien au sérieux dans ce bonus, tout peut changer, mais ça présente déjà quelques détails importants que j’ai hâte de vous faire découvrir davantage dans le roman~ 

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