Traduction française par Tian Wangzi
Jing Shao resta stupéfait un moment, incapable de dire un mot. Deux décrets impériaux, complètement différents. Ce que son père impérial lui disait, c’était que la loyauté allait lui apporter la gloire éternelle, alors que l’avidité signerait son arrêt de mort.
« Ta mère impériale t’a donné le nom de Shao dans l’espoir que tu sois comme les neufs mouvements de Xiao Shao, apportant la santé et la fortune à la nation. » L’empereur Hong Zheng poussa un soupir. « Nous avons vu que depuis que tu es tout petit, tu n’as pas grandi pour devenir un prince impitoyable, alors comment ce père peut-il être insatisfait? C’est parce que Nous sommes l’empereur, Nous devons penser à l’ensemble du pays. Même si Nous sommes l’empereur, tout ne peut pas nécessairement suivre Notre volonté. Cependant, Nous espérons que vous saurez vous protéger l’un et l’autre, entre frères. Ne gaspillez pas tous les efforts de votre mère. »
« Père impérial… » Jing Shao releva la tête, le coin des yeux un peu rouge. Il n’avait jamais entendu son père impérial parler ainsi en bien de lui. C’était la première fois qu’il entendait ce genre de discours dans ses deux vies.
« Le cœur des hommes ne suffit pas, ultimement, ce n’est que de l’avarice. Ces derniers temps, Nous avons été confus, comme si notre père fondateur Nous appelait à lui. Hier soir, Nous avons repris un peu nos esprits, et en relisant les écrits de notre père fondateur, Nous avons réalisé que nous avons violé ses intentions. » L’empereur Hong Zheng soupira, sortant un petit pamphlet jaune de sous son oreiller. Il le donna à Jing Chen, et il continua, la voix un peu plus basse, cherchant son souffle par moment : « L’affaire du Huainan, on ne peut pas l’imposer, selon les dernières volontés de notre père fondateur. »
Jing Chen reçut le petit pamphlet, gardant le silence. Les écrits du père fondateur étaient une chose que seul l’empereur pouvait posséder. Si son père impérial les lui donnait, ses gestes parlaient pour lui-même.
L’empereur Hong Zhen agita la main, et le ministre du Travail ouvrit le troisième décret. Seulement, cette fois, il ne parla pas avec sa fluidité habituellement, prononçant plutôt chaque mot avec une extraordinaire prudence : « Rui Wang Jing Chen, son intelligence porte une bienveillante intégrité, il obéit au mandat des Cieux, il est en harmonie avec le peuple. Il devra continuer l’unification de la terre lorsqu’il me succédera au titre d’empereur. »
Jing Chen accepta l’édit en silence, et avec un grand respect, il se prosterna trois fois devant l’empereur Hong Zheng.
« Nous te donnons la terre et son peuple. Prends les écrits de notre père fondateur comme un avertissement, sois diligent dans ton gouvernement, aime ton peuple, et sois toujours critique envers toi-même. » La voix de l’empereur Hong Zheng devenait de plus en plus faible. Il prit la main de Jing Chen dans la sienne. « Jing Shao est ton petit frère de la même mère. S’il fait une grave erreur à l’avenir, souviens-toi qu’aujourd’hui, ses sentiments fraternels l’ont laissé derrière toi. »
« Ce fils accepte l’édit. » Jing Chen ne put empêcher le coin de ses yeux de rougir.
« Père impérial! » ne put s’empêcher de réexclamer Jing Shao, s’agenouillant près du lit. Il n’y a pas de père qui n’aime pas ses enfants, seulement ce n’est que maintenant qu’il comprit sa place dans le cœur de son père impérial. Dans sa vie précédente, son père impérial l’avait toléré encore et encore, il lui avait laissé des tas de chances de s’en sortir…
« Protégez bien l’héritage de vos ancêtres. Votre père et votre mère impériale… veilleront sur vous deux… » La voix de l’empereur Hong Zheng devint progressivement plus légère, comme s’il se remémorait la douce et digne impératrice Yuan, le coin de ses lèvres exposant l’indice d’un sourire.
Dynastie Chen, en l’an 16 de l’ère Hong Zheng, l’empereur Hong Zheng succomba à la maladie au palais, à l’âge de 48 ans.
« Père impérial! » Jing Shao tira sur le coin de la couverture, incapable d’arrêter ses larmes. Les montagnes s’étaient effondrées, le monarque était mort. Malgré tous ses efforts, on ne peut pas défier la volonté des Cieux.
Jing Chen pinça fortement les lèvres, ses yeux rouges incapables d’arrêter le flot de larmes qui tombaient en silence.
« Majesté, ne pleurez pas à en briser votre santé. » An Xian et le ministre du Travail s’empressèrent pour soutenir Jing Chen, le traitant déjà comme l’empereur.
Xiao Yuan soutint Jing Shao, lui tendant un mouchoir brodé : « Wangye, vous êtes en deuil, mais il vous reste encore beaucoup à faire. »
Jing Shao prit le mouchoir pour s’éponger le visage. Il laissa les subordonnés lui replacer son col, et il prit l’épée impériale qu’on lui tendait : « Qui est responsable de l’empoisonnement? »
Le ministre du Travail répondit : « L’empereur est tombé gravement malade, et il n’a pas eu le temps de trouver le coupable. »
Jing Shao lui jeta un regard. Il voulait ajouter quelque chose, mais Jing Chen l’arrêta : « An Xian, fais venir tous les princes. »
« Oui. » An Xian se prosterna, puis se détourna pour aller s’affairer.
« Jing Shao, va vite prendre la tête de l’armée Yulin. Notre père impérial vient de mourir soudainement, j’ai peur qu’on nous crée des ennuis. » Jing Chen arrangea les responsabilités de chacun de manière claire.
« Oui. » Jing Shao acquiesça et serra l’épée dans sa main. Seulement, dès qu’il arriva à la porte, An Xian entra en courant.
« Wangye, on a un problème. L’armée Yulin a soudainement encerclé le palais. » An Xian était très nerveux. Au départ, le précédent empereur avait donné l’ordre à l’armée Yulin de rester au palais afin d’empêcher qu’un prince fasse un coup d’État, mais si l’armée lançait un coup d’État, aucun d’eux ne pourrait y échapper!
Après l’avoir écouté, Jing Shao ne posa pas plus de questions, sortant seulement en coup de vent.
Au bas des marches de jade, l’armée Yulin avançait d’un pas cadencé, approchant rapidement du palais. Les 18 cavaliers Moyun s’étaient retirés en haut des marches. Par surprise, le commandant de l’armée n’était pas présent; à sa tête se trouvait son second, Lin Gang.
« Mon père impérial a donné l’ordre que temporairement, les gardes impériaux au palais et l’armée Yulin sont sous mes ordres. » Jing Shao regarda froidement l’armée Yulin qui semblait imperturbable, sortant la bannière de l’armée Yulin : « Allez vite monter la garde aux portes, ne laissez personne entrer au palais. »
« N’écoutez pas ses conneries. » Un homme à cheval sortit lentement du groupe. C’était le quatrième prince, Jing Yu. « Rui Wang et Cheng Wang ont voulu usurper le trône. Celui qui tuera Cheng Wang ou Rui Wang sera récompensé! »
À ce moment, Mu HanZhang menait les gardes de droit et de gauche à l’extrémité est de la forêt. Ren Feng dirigeait l’entraînement des troupes, et en le voyant arriver, il s’empressa de le saluer. À l’origine, Ren Feng était stationné à l’autre villa pour recruter des experts en arts martiaux. Lorsqu’il en eut recruté assez, Jing Shao lui donna l’ordre de recruter des hommes pour l’armée privée. Il était maintenant le leader de cette armée.
« Voici le jeton de commandement de Wangye. Prépare l’armée, nous pourrions partir n’importe quand! » Mu HanZhang montra le jeton de commandement que lui avait donné Jing Shao.
« À vos ordres! » Naturellement, Ren Feng connaissait WangFei, alors il lui obéit sans hésitation. Les chevaux furent sortis de la dense forêt, la cavalerie menant les chevaux, et l’infanterie suivant avec leurs armures. Ils étaient méthodiques, sans différence avec l’armée privée de Jing Shao.
« Ces rustres ont été formés à ce point, Wangye a vraiment du talent, » s’exclama le garde de droite, admiratif.
Ren Feng plaça les troupes, puis vint faire son rapport : « En rapport à Houye, tous les 3723 hommes qui s’entraînaient dans la forêt désolée sont prêts. »
« Combien y a-t-il de cavaliers? » Mu HanZhang demanda aux hommes de rester sur le qui-vive et de garder les yeux sur la capitale, mais de ne pas descendre de cheval. Ils devaient être prêts à partir en guerre à tout moment.
« Il y a 1000 cavaliers, 500 archers, et le reste forme l’infanterie, » répondit Ren Feng.
Mu HanZhang hocha la tête. Il prit une gorgée d’eau dans la poche d’eau que lui tendait le garde de droite, attendant tranquillement des nouvelles de Jing Shao.
Le ciel s’assombrit progressivement, et lorsque le soleil se coucha à l’ouest, le vigile s’écria soudainement : « Houye, un feu d’artifice rouge s’élève soudainement de la capitale. »
« En avant! » Mu HanZhang serra les rênes et donna ses ordres d’une voix claire. « La cavalerie mène la charge! » Ce n’était au départ qu’une préparation, puisqu’ils croyaient que si l’empereur devait mourir, il devait avoir pris des mesures pour la suite. Ils avaient peu de chance d’employer l’armée privée, parce qu’une fois que c’était exposé, ils ne pourraient plus le faire une seconde fois, et si elle était mal employée, cela pourrait causer des problèmes. Mais il semblerait que dans la situation actuelle, il s’était passé un changement au palais pour lequel Jing Shao n’avait aucun contrôle.
Mu HanZhang mourrait d’anxiété, espérant arriver à temps tout en espérant que Jing Shao puisse l’attendre.
Jing Shao protégeait son frère derrière lui, alors que les 18 cavaliers Moyun formaient un cercle de protection en gardant les deux hommes au centre et que les gardes du palais affrontaient l’armée Yulin. Le quatrième prince restait caché. Quand avait-il pris possession de près de 80% de l’armée Yulin? La situation était critique, alors Jing Shao n’eut pas d’autre choix; il alluma le feu d’artifice qu’il avait à la main.
Il y avait de nombreux gardes au palais, mais ils ne faisaient pas le poids contre l’armée Yulin. Alors que le nombre de gardes diminuait, les 18 cavaliers Moyun commencèrent aussi à faiblir.
« À l’attaque! » Soudainement, une dizaine de gardes de l’armée Yulin portant des boucliers de fer foncèrent sur les 18 cavaliers Moyun, bousculant la première ligne. Une lance frappa directement dans l’ouverture, la pointe filant directement vers les deux frères.
Jing Shao coupa la pointe de la lance de son épée, et en se tournant, il donna un coup de pied au soldat portant le bouclier, le faisant tomber au sol. Un cavalier Moyun le transperça immédiatement de sa lame.
« Refermez le cercle, protégez l’empereur! » Jing Shao cria avec sa force interne, et les gardes impériaux des alentours resserrèrent immédiatement la formation. Dans cette situation où l’ennemi avait l’avantage du nombre, même si les 18 cavaliers Moyun étaient plus forts, ils ne pouvaient pas résister à des milliers de troupes. Le seul moyen était de réduire les pertes, de protéger son grand frère, et de survivre jusqu’à l’arrivée des renforts de l’armée privée.
Le quatrième prince remarqua que les soldats avec des boucliers pouvaient facilement approcher, alors il leur ordonna de prendre la première ligne afin de repousser Jing Shao et les autres dans un cul-de-sac.
Les deux frères étaient dos à dos, chacun portant une longue épée. Mais le cercle des gardes impériaux rétrécissait, et les vêtements neufs de Jing Shao étaient déjà couverts de sang.
« Repose-toi un moment. » Jing Chen tapota l’épaule de son petit frère. Maintenant que tous les gardes impériaux s’étaient rapprochés, ils avaient un court moment de répit au centre.
Jing Shao s’essuya le visage : « Je n’ai rien. » Avoir les gardes impériaux en cercle est aussi une formation, ils pouvaient affronter les ennemis de tous les côtés en formation très serrée et impénétrable. De cette façon, même si l’armée Yulin était plus nombreuse, ils ne pouvaient que les attaquer un rang à la fois, tuant seulement que 3 ou 5 gardes impériaux à la fois. Mais même ainsi, leur nombre continuait à diminuer.
« À l’attaque! » Soudainement, des bruits de bataille retentirent à l’arrière de l’armée Yulin. Jing Chen, qui se tenait en position surélevée, put voir clairement la scène. Il y avait un millier de cavaliers qui menait la charge. Ces cavaliers portaient des vêtements gris ordinaires, mais les chevaux étaient forts et leurs armes étaient de haute qualité. Ils fonçaient vers l’armée Yulin en formation en pointe.
« Qui est-ce? » Le quatrième prince était terrifié. Il était clair qu’il contrôlait toute la cité impériale, alors comment pouvait-il y avoir une autre armée? La porte sud avait déjà été scellée, l’armée privée de Jing Shao ne pouvait pas leur venir en renforts.
En voyant un imposant cheval de guerre noir parmi la cavalerie, Jing Shao exposa lentement un sourire.
Les marches de jade avaient déjà été teintes en rouge par le sang qui s’écoulait jusqu’aux statues de dragon en marbre blanc. Jing Chen se tenait les mains basses sur le sommet des marches de jade, regardant le quatrième prince, Jing Yu, que les gardes impériaux avaient forcé à s’agenouiller devant les marches de jade.
« Un homme sans cœur au point de vouloir tuer ses frères et son père doit souffrir du châtiment des 1000 coupures! » Jing Shao laissait sa WangFei panser ses blessures alors qu’il regardait Jing Yu, les yeux rouges. Même si le ministre du Travail avait dit que l’enquête n’était pas terminée, il avait comploté avec l’impératrice Ji pour les assassiner, et leur père impérial avait aussi été tué par empoisonnement. C’était facile de deviner qui était le coupable.
« Ahahaha, troisième frère impérial, tu es toujours aussi brutal! Aujourd’hui, tu vas tuer ton petit frère, demain, vas-tu tuer ton grand frère? » Il savait qu’ils ne pouvaient pas le laisser vivre, pourtant le quatrième prince n’avait pas peur, riant sauvagement.
Mu HanZhang fronça les sourcils, ces mots étaient clairement de la provocation.
Jing Chen pressa la main de Jing Shao qui tenait son épée et dit d’une voix profonde : « Si tu le tues, on te critiquera dans les livres d’Histoire pour les 100 prochaines années. »
« Et alors? » Jing Shao ricana légèrement, qu’est-ce que l’Histoire avait à voir avec lui?
Jing Chen prit l’épée impériale des mains de son petit frère : « Nous[1] allons le faire. »
Le sang fut projeté sur 3 chi. Le quatrième prince écarquilla les yeux, remplis de ressentiment, mais il ne pouvait plus dire un mot.
Ils rangèrent le champ de bataille et nettoyèrent les marches de jade. Les jeunes princes furent tous invoqués, et ils ne purent s’empêcher de trembler en voyant la scène.
Jing Shao tira sa WangFei, et, portant un ruban de soie blanche, il entra dans le palais Fengyi. L’impératrice Ji était assise dans le hall principal, les cheveux détachés, regardant tranquillement les hommes entrer.
« Le couronnement aura lieu demain, comptes-tu y assister, impératrice? » Jing Shao ricana froidement en regardant la femme.
« Cette impératrice a déjà un autre endroit où aller. » L’impératrice Ji se redressa, replaça ses cheveux, et sourit stupidement.
Sentant la tension de l’homme à ses côtés, Mu HanZhang serra doucement sa main. Il dit : « Madame, vous avez empoisonné l’empereur précédent, vous êtes une criminelle dans la dynastie Chen, vous ne pouvez plus vous donner le titre d’impératrice. Le quatrième prince a déjà été exécuté, et l’empereur a décrété que son nom sera effacé des archives familiales et qu’il ne sera pas enterré dans la tombe impériale. »
« Que vous êtes cruels! » En l’entendant, l’impératrice Ji se mit à crier avec rage. « Jing Yu est un prince, ah! Comment pouvez-vous abandonner son corps dans la nature! »
Jing Shao savait que sa WangFei était fâché de lui-même, alors il étira la main pour enlacer sa taille : « Ce seigneur ne veut pas perdre son temps en balivernes avec toi. Fais-le vite, on doit encore rentrer au manoir pour souper. »
L’impératrice Ji prit le ruban blanc dans sa main et ricana dans sa folie : « Cette impératrice peut mourir dans la dignité, contrairement à ta mère impériale, qui est morte de manière si laide! Ahahahah… »
Jing Shao s’avança un pas à la fois et lui reprit le ruban blanc, et avec une grande vitesse, il forma le nœud autour du cou de l’impératrice Ji, serrant lentement. Il dit d’une voix basse : « Mon grand frère impérial a déjà passé son décret, pour avoir comploté contre le trône, Yong ChangBo sera exécuté avec toute sa famille! »
L’impératrice Ji écarquilla les yeux. Elle étira la main pour desserrer le ruban blanc, mais ce dernier se serrait rapidement, jusqu’à ce que le son de son cou qui se brise se fasse clairement entendre.
Jing Shao relâcha le ruban blanc et regarda le corps vraiment laid de l’impératrice Ji. Il dit légèrement : « Même si tu t’améliorais, tu ne serais même pas comparable avec la poussière sous la plante des pieds de ma mère impériale. »
Mu HanZhang s’approcha lentement pour enlacer Jing Shao et tapota doucement son dos qui tremblait légèrement.
En l’an 16 de l’ère Hong Zheng, à la mort de l’empereur, tout l’empire est en deuil. Le nouvel empereur est couronné, il a pris le nom de Cheng Yuan[2], et a donné l’amnistie à l’empire.
Le jour de l’ascension, Xiao Shi devint impératrice, et Cheng Wang Jing Shao reçut le titre de prince héréditaire ZhengGuo.
Pour avoir comploté contre le trône et empoisonné l’empereur précédent, le clan Yong ChangBo, au nom de clan Wu, a vu tous ses membres être exécutés. Pour sa rébellion, Mao GuoGong s’est vu retirer son titre de noblesse. Le grand prince Jing Rong s’est vu recalé au rang de fils de concubine et banni dans la province de Shu, sans possibilité de retour à la capitale de son vivant.
En l’an deux de l’ère Cheng Yuan, Xiao Shi est tombée sérieusement malade.
« C’est ta faute! Tu as tué Xiao Si, et maintenant ma mère impériale! » Dans le jardin impérial, une petite fille aux magnifiques vêtements criait d’une voix perçante contre un enfant de 3 ou 4 ans.
L’enfant la regardait de ses grands yeux noirs sans la réfuter, prenant directement une poignée de terre pour lui souffler au visage.
« Ah! » La petite fille cria immédiatement.
« Princesse! » Une servante s’empressa devant elle pour la protéger.
L’enfant avait déjà titubé jusqu’à un dattier pour y grimper, et lorsque la servante s’approcha, il attrapa les dates des branches inférieures pour les lui lancer, frappant directement les yeux de la servante avec précision.
« Cet enfant est très amusant. » Jing Shao, habillé dans ses vêtements de prince blancs comme la lune, se tenait derrière un amoncellement rocheux en souriant. En se retournant pour voir le visage livide de son grand frère, il se tue immédiatement.
« Lorsque l’impératrice a demandé à reprendre Jing Cheng[3] à ses côtés, Nous ne nous attendions pas à ce qu’elle l’élève ainsi. » En regardant le troisième prince, Jing Cheng, perché dans son arbre à démontrer sa force, et la princesse Jing Yan qui criait en tapant du pied au sol, l’expression de Jing Chen devint de plus en plus laide.
« Au contraire, je trouve que ce petit a un vrai tempérament, comme moi à son âge. » Jing Shao sourit en s’avançant, et se penchant vers l’arbre, il décrocha l’enfant de l’arbre pour le serrer fermement dans ses bras.
« Père impérial! » En voyant Jing Chen, la princesse Jing Yan devint soudainement livide, et elle s’agenouilla respectueusement au sol.
« Oncle impérial! » Même s’il avait été enlacé par Jing Shao, Jing Cheng n’avait pas peur, le dévisageant de ses grands yeux écarquillés : « Que viens-tu faire ici? »
« Viens avec moi au manoir Cheng Wang, je vais t’éduquer. » Jing Shao frotta la tête toute chevelue de Jing Cheng.
« Cet enfant ne cause que des ennuis, tu… » Jing Chen fonça les sourcils, regardant l’enfant sous le bras de son frère. Depuis la mort subite de sa concubine, Xiao Shi avait demandé à prendre ce fils de concubine pour l’élever, mais ce qu’elle entendait par là, c’est qu’elle le laissait faire ce qu’il voulait sans le discipliner.
« Il me convient parfaitement! » dit Jing Shao en souriant, tenant toujours dans ces bras le petit qui ne cessait de gigoter pour s’enfuir.
Jing Chen fronça les sourcils et dit en soupirant : « Bei WeiHou a demandé un décret hier pour passer son titre à son petit-fils, tu peux déjà faire entrer le petit frère de HanZhang dans ton manoir et lui faire hériter du titre de Wen Yuan Hou. »
En l’an 2 de l’ère Cheng Yuan, Cheng Wang adopta le troisième fils de l’empereur comme fils de la première épouse. Au même moment, le jeune fils de Bei WeiHou entra au manoir Cheng Wang Wen Yuan Hou, afin que les deux jeunes puissent être éduqués ensemble.
En l’an 3 de l’ère Cheng Yuan, l’impératrice Xiao trépassa. Le roi du Huainan entra dans la capitale pour lui apporter les dernières volontés du père fondateur, donnant une migraine à l’empereur Cheng Yuan.
« Dage, qu’est-ce qui est écrit dans les dernières volontés du père fondateur? » Jing Shao questionna Gu HuaiQing, qui restait temporairement à son manoir. Il avait toujours voulu savoir ce qui était écrit dans les lettres du père fondateur, mais son grand frère ne voulait pas qu’il les lise. Sa curiosité était restée insatisfaite depuis longtemps, alors comme Gu HuaiQing avait les dernières volontés du père fondateur entre les mains, et il se disait que ce devait être sensiblement la même chose.
Gu HuaiQing le regarda à souriant à moitié : « Chaque génération de roi du Huainan porte le nom de Gu HuaiQing, et il ne peut pas se marier avant l’âge de 25 ans, sais-tu pourquoi? »
Jing Shao agita la tête avec stupéfaction.
À propos de la rivière Huai, le père fondateur avait dit : Tant que Qing[4] veille sur le Huinan, Nous pouvons dormir en paix.
Dans ses dernières volontés, le père fondateur avait écrit : Le fief du Huainan ne peut pas être repris. Si les générations futures souhaitent reprendre le fief, il faudra alors qu’ils prennent le roi du Huainan comme épouse et impératrice.
*crack!* Jing Shao échappa la tasse dans sa main, qui alla se fracasser sur le sol.
Gu HuaiQing lui jeta un regard en coin alors qu’il se levait pour rentrer dans la pièce.
« Cheng-er, mon frère a dit qu’on allait manger. » Mu LongLin leva la tête pour appeler l’enfant dans l’arbre.
« Xiao Jiujiu[5]! » Jing Cheng sauta du petit arbre directement dans les bras de Mu LongLin, et les deux enfants tendres roulèrent ensemble dans l’herbe.
« Ouaf! » Le gros tigre qui faisait la sieste pas très loin bâilla, trouvant intéressants les deux enfants qui roulaient ensemble. Il sauta immédiatement sur ses pattes pour aller les rejoindre, utilisant sa grosse tête pour les faire rouler et jouer avec eux.
« Lin-er, Cheng-er! » Une voix claire et chaleureuse retentit, et les deux enfants se figèrent immédiatement. Ils se relevèrent avec humilité, alors que seul le gros tigre ignorait le danger qui s’approchait. Il continuait à sauter et à s’attaquer aux brins d’herbe qui lui piquaient le museau.
En voyant les deux enfants et le tigre recouverts d’herbe, le visage de Mu HanZhang devint bien plus froid.
« Gege… »
« Diedie[6]… »
« Ouaf… »
Jing Shao sourit et s’avança pour enlacer sa WangFei, lançant un regard aux trois ennuyeurs. Jing Cheng réagit en premier, tirant son petit oncle pour partir en courant. Xiao Huang ne comprit rien, alors il vint se frotter contre son maître, avant de se coucher au sol en exposant son ventre.
« Tu les gâtes toujours. Tôt ou tard, ça va te retomber dessus. » Mu HanZhang repoussa l’homme derrière lui.
Mais Jing Shao ne le relâcha pas, l’enlaçant plus fort en souriant.
Le passé est le passé, et parfois, Jing Shao se disait que sa vie précédente n’était qu’un rêve que lui avait confié leur père fondateur afin de lui montrer ce que ça faisait d’avoir le monde, mais de perdre son bien-aimé.
Jing Shao enfouit son nez dans le cou de l’homme dans ses bras et inspira profondément : « Jun Qing… »
« Hm? » Mu HanZhang tourna la tête vers lui.
« … » Jing Shao releva la tête, et il sourit en posant un baiser sur ce beau visage : « Rien, allons manger. »
Mu HanZhang resta stupéfait, puis il sourit lentement : « D’accord. »
Les pêchers étaient de nouveau en fleurs, le printemps soufflait sa douce brise, et les pétales roses, dansant en cercle autour des hommes, semblaient refléter leur silhouette qui s’éloignait.
[1] Jing Chen utilise maintenant le Nous impérial
[2] Le « Yuan » est le même que l’impératrice « Yuan », mais le « Cheng » n’est pas le même que celui de « Cheng Wang ».
[3] Son caractère pour « Cheng » est celui de « clair, pur »
[4] Le « qing » utilisé, qui est celui de Gu HuaiQing, est un terme utilisé par l’empereur pour parler de son peuple, mais peut aussi être un petit surnom utilisé entre époux
[5] Littéralement « petit oncle », j’imagine parce que Jing Cheng a été adopté par Jing Shao, et donc Mu HanZhang, donc le frère de Mu HanZhang est son oncle.
[6] Littéralement, « papa »
Tian Wangzi : L’histoire principale est maintenant terminée!
Vous en voulez plus? Moi aussi! Revenez la semaine prochaine pour le premier chapitre bonus~ Tous les bonus en valent clairement la peine!!!